Quels sont les freins à la mise en place effective des objets connectés ? 1
Quels sont les freins à la mise en place effective des objets connectés ? 1
La mise en place de ces nouvelles techniques d’évaluation des risques est d’abord un défi organisationnel pour les assureurs. En effet, il va falloir suivre et analyser les milliers de données transmises par les objets connectés et mettre en place des algorithmes permettant une corrélation entre les données obtenues et la prime d’assurance.
Ainsi, l’actuaire va se retrouver avec des masses importantes de données à analyser. Or ces données proviennent de nouvelles sources diverses et variées et sont souvent non structurées et très difficiles à traiter. La nécessité s’impose donc de créer de nouveaux métiers qui permettront d’intégrer les données issues des objets connectés dans le calcul de risques et de tarifs.
Il va également se poser le problème de l’hébergement des données, car c’est toute la chaîne de valeur de l’information, depuis le stockage jusqu’à l’accès et au traitement des données, qui doit être sécurisée. Un dispositif d’autant plus complexe à mettre en place qu’avec les objets connectés, les masses de données sont de plus en plus importantes.
L’évaluation dynamique des risques est aujourd’hui freinée par un cadre règlementaire national et européen qui légifère sur la mise en place d’une tarification individualisée basée sur le comportement des assurés.
La CNIL (Commission Nationale d’Informatique et Liberté) a en effet appliqué, en mai dernier, le règlement général sur la protection des données (RGPD).
Au regard de l’arrivée massive des objets connectés, le législateur européen est venu renforcer la protection des données personnelles et imposer de nouvelles obligations aux entreprises d’assurances.
Les acteurs du marché doivent ainsi adapter leurs offres d’assurance à ces nouveaux cadres réglementaires, législatifs et juridiques, et ce pour accompagner et assurer au mieux l’émergence de nouveaux risques liés à l’arrivée des objets connectés.
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Parmi les mesures les plus innovantes, nous pouvons citer le principe de « privacy by design » qui impose aux banques et aux assurances de prendre en compte la protection des données personnelles dès la création de nouveaux produits.
Cette directive mentionne également l’obligation faite aux assureurs d’effectuer des analyses d’impact sur la vie privée. Cette obligation amène donc les sociétés d’assurance, non plus à analyser seulement les risques qui pèsent sur elles, mais d’étudier et de limiter ceux qui pèsent sur leurs clients.
Afin d’améliorer la sécurité des systèmes d’information, la directive impose également aux sociétés d’assurances d’avertir l’autorité de contrôle ainsi que les assurés en cas de failles de sécurité dont elles ont été victimes.
Les assureurs doivent, par ailleurs, prouver qu’ils respectent cette directive sous peine d’être amendés à hauteur de 4 % du chiffre d’affaire mondial consolidé en plus des sanctions pénales.
Cette directive nécessaire pour la protection des assurés, freine donc très largement les sociétés d’assurance dans leurs projets d’évaluation des risques comportementaux.
Par ailleurs, même si l’assureur met en œuvre les opérations nécessaires afin de respecter et de protéger les données clients, la législation française interdit de moduler le tarif d’une assurance-santé en fonction du comportement d’un assuré. Generali, par exemple, attend l’aval de la CNIL pour commercialiser son offre de santé connectée, déjà disponible en Allemagne.
Les sociétés d’assurance doivent donc être patientes dans ce domaine tout en accompagnant le changement de mentalité de la société.
Cette législation française contraignante s’associe au manque d’infrastructure qui freine, notamment, l’arrivée du véhicule autonome connecté.
L’exemple de la voiture autonome
Si on en revient à notre exemple des voitures autonomes, avant de permettre la circulation de ces véhicules autonomes, le gouvernement va devoir adapter le cadre réglementaire dont le code de la route, régler la question de la cybersécurité ou encore préparer la connexion des infrastructures. Au total, l’état se trouve face à plus de 30 chantiers à mettre en route rapidement pour que la France soit « à la pointe » et capable d’accueillir cette technologie.
Ces chantiers seront prévus dans la « loi d’orientation des mobilités » (LOM), qui sera présentée au conseil des ministres d’ici l’été.
D’autres difficultés risquent d’apparaitre pour les assureurs dans les recherches de responsabilités.
En effet, les contrats d’assurance automobile traditionnels risquent de ne concerner que les véhicules non autonomes. Concernant les véhicules autonomes, il semblerait qu’on s’achemine vers un transfert du risque vers le constructeur, qui engagera sa responsabilité en cas de dysfonctionnement du véhicule ou d’intrusion dans le système (cybercriminalité). Les assureurs vont donc être amenés alors à créer et mettre en place un ou des contrats qui permettront aux assurés un accompagnement personnalisé face à la multiplicité des intermédiaires qu’ils auront face à eux.