Quels sont les catégories de risques ?
Quels sont les catégories de risques ?
Il existe trois catégories de risques. Le risque connu, c’est-à-dire avéré et mesurable. Le nouveau risque qui n’a pas d’historique mais dont l’assurabilité est parfois rendue possible grâce à sa modélisation ou sa ressemblance avec d’autres risques avérés. Et enfin le risque de développement. Par essence même, ce dernier est indécelable avant sa survenance. Le risque de développement comprend une sous-catégorie de risques tout à la fois répertoriés mais méconnus : les risques émergents.
Comment anticiper les nouveaux risques ?
De manière générale, le risque mute comme un virus. Son cheminement naturel est le suivant : d’abord inconnu, puis émergent, puis nouveau risque enfin risque connu. Ainsi en est-il par exemple du risque nucléaire. Après les catastrophes de Tchernobyl (d’un coût estimé à 700 Md$) et de Fukushima (d’un coût à ce jour de 87 Md€), un tel risque quitte la catégorie des risques émergents pour intégrer celle des nouveaux risques. Ainsi en est-il aussi du terrorisme, nouveau risque dont il est difficile, par-delà les souffrances humaines qu’il inflige, d’en déterminer un coût global.
En revanche, on ne sait rien d’un risque émergent. Ni sa dangerosité, ni ses conséquences, ni sa fréquence de survenance. Il est subodoré, étudié, mais, du fait de son incertitude scientifique, il n’a ni historique, ni modélisation. Il est de ce fait inassurable.
Anticiper le risque émergent est ainsi l’un des plus grands défis que les pouvoirs publics et les assureurs vont devoir relever. Ils réfléchissent d’ores et déjà, aux moyens et aux règles propres à son indemnisation.
Certains risques émergents ont été identifiés et classifiés selon leur intensité présumée, leur délai de réalisation et les domaines sur lesquels ils auraient une influence. On y retrouve par exemple des risques liés aux usages du numérique, à la santé, aux nouveaux modes de consommation, à la pollution, au changement climatique…
Exemple concret d’une mutation d’un risque
Le Distilbène est un œstrogène de synthèse conçu en 1950, administré dès cette époque aux femmes enceintes afin de leur épargner des fausses couches. En 1971, le risque prend d’abord un tour émergent. Un médecin américain soupçonne en effet un lien entre l’adénocarcinome à cellule claire dont souffre sept de ces jeunes patientes et le traitement au Distilbène administré à leur mère, pendant leur grossesse 20 ans plus tôt. En 1975, le doute n’est plus permis et, d’émergent, le risque devient nouveau sans que l’on puisse encore le mesurer précisément. De nombreuses jeunes femmes « enfants du Distilbène » présentent des anomalies. On pense alors être parvenu au bout du processus et l’on commence à en mesurer le coût.
Mais voilà que le risque échappe à nouveau à tout contrôle quand, dans les années 2010, plusieurs des petits enfants des femmes traitées près de 60 ans plus tôt présentent à leur tour de graves problèmes de santé auxquels le Distilbène ne serait pas étranger. Jusqu’à quelle génération le risque perdurera-t-il ainsi ? Le risque nous échappe de nouveau.